L’administration forcée d’une forme orale est souvent une contrainte conflictuelle imposée par le propriétaire à son chat. Toute alternative est appréciée et permet une meilleure observance du traitement, en particulier lorsque celui-ci est prolongé. La préhension directe et spontanée d’un comprimé appétant est rare. La mise à profit du comportement de toilettage pour favoriser l’absorption de pâtes orales déposées sur le pelage n’est pas conseillée car extrêmement aléatoire. Un comprimé *de petite taille* ou le contenu d’une gélule peut en revanche être dissimulé au cœur d’une bouchée d’aliment appétant et *aromatique, habituellement apprécié par le sujet*. La difficulté de l’administration (notamment pour des médicaments dont le goût n’est pas agréable) peut aussi être surmontée en enrobant le médicament, avec du beurre ou de l’huile d’olive par exemple, ou en le diluant dans un petit volume de produit laitier administré à la seringue.
Le mélange avec la totalité du repas est à proscrire car cette pratique ne permet pas de contrôler la dose administrée en cas de refus alimentaire partiel. De façon plus critique, elle est susceptible de favoriser l’apparition d’une aversion alimentaire. Les chats pouvant par ailleurs devenir rapidement méfiants, il est toutefois recommandé de préparer et distribuer successivement *plusieurs* bouchées, dont une seule contient le traitement.
Les solutions ou suspensions orales, lorsqu’elles ne sont pas aversives* pour *l’individu* traité, peuvent être soigneusement mélangées à une *petite quantité* d’un aliment répondant aux critères évoqués plus haut (hors croquettes) et consommées sans réticence par certains chats. L’hypothèse d’une diminution de l’efficacité de certains principes actifs lorsqu’ils sont administrés avec un repas ne pourra être écartée a priori, notamment lors d’échec thérapeutique. Le vétérinaire doit sélectionner, en premier lieu et en fonction de son expérience, les *formes galéniques* qu’il sait *adaptées à l’espèce féline* en raison du format et de la conformation de sa cavité buccale ainsi que de sa sensibilité gustative (goût très désagréable de certains médicaments). En outre, lors d’ajustements posologiques, la surface interne et le contenu de certains comprimés, notamment pelliculés, divisés ou réduits en poudre ou de gélules ouvertes peuvent avoir un goût plus désagréable que le produit intact.
Lors d’anorexie ou de refus répété de la nourriture contenant le traitement, il n’y a généralement pas d’alternative à l’administration forcée pour les traitements devant s’étendre audelà de quelques jours. Lorsque la prise forcée est inévitable, il est *indispensable* de faire la démonstration du geste au propriétaire. Cela permet, en première intention, d’identifier les sujets chez qui le traitement sera difficile voire impossible. Les conditions sont généralement plus favorables au moment de la consultation qu’au domicile de l’animal et ce test ne préjuge ni du degré de coopération du sujet dans son environnement habituel ni de la dextérité du propriétaire. En effet, il est important que celui-ci soit placé dans les meilleures conditions techniques possibles dès le début du traitement, sans être obligé d’avoir recours à une contention disproportionnée ou inappropriée qui aboutirait inévitablement et rapidement à un échec des tentatives ultérieures. L’utilisation d’un « lance pilule » est appréciée par certains propriétaires.
Lorsqu’une difficulté est rencontrée, il est nécessaire de vérifier l’aptitude du propriétaire à réaliser convenablement l’administration et, dans un second temps et compte tenu des *variations individuelles* d’acceptation du traitement par le chat, de rechercher une *alternative* au cas par cas, en changeant si possible de forme galénique, de spécialité commerciale voire de principe actif. A titre d’exemple, certains chats acceptent plus facilement une forme liquide qu’un comprimé, et inversement. Une hypersalivation peut apparaître chez certains sujets et compromettre la poursuite d’un traitement par voie orale. Lorsqu’une administration orale ponctuelle d’un grand volume d’une formulation liquide ou d’une solution ayant un goût désagréable doit être effectuée, le vétérinaire peut la réaliser par l’intermédiaire d’une sonde naso-œsophagienne.
L’administration de formes orales solides (comprimés et surtout gélules) peut conduire à une *rétention* du médicament au contact de la paroi œsophagienne. La conséquence la plus grave est l’apparition de *lésions* inflammatoires et de *sténoses* graves de l’œsophage. La *déglutition* d’une petite quantité de *nourriture* ou l’administration d’un bolus *d’eau* suffit à faire *transiter* les gélules ou les comprimés *jusqu’à l’estomac*. Bien que ce type de complication n’ait été identifié que pour certains composés (certains sels de doxycycline par exemple), la *prise spontanée de liquide ou de solide* après le comprimé ou la gélule ou, à défaut, *l’administration d’un faible volume d’eau* à la seringue est recommandée de façon *systématique* quel que soit le produit prescrit.
Le labo Vétoquinol a travaillé – à l’attention des vétérinaires – à des thèmes concernant le chat. L’article a été fait par Dr LEFEBVRE (diplomate ECVPT et prof de physiologie et thérapeutique à l’ENVT) et Dr REYNOLDS (maître de conférence en médecine interne à l’ENVT).